• J'aurais préféré que D. ne me rappelle pas. Ou au moins, qu'il me donne le temps de faire le premier pas vers lui.
    Il a rompu ce silence qu'il avait instauré lui-même, m'expliquant d'une voix penaude qu'en ce moment, il a du mal à gérer ses colères, il ne sait comment gérer cette émotion qui est liée en fait à sa vie professionnelle... Il est conscient de ne pas savoir faire la part des choses, de manquer de patience.... Cette colère, le rend excessif dans ses ressentis, dans ses mots, dans ses actes... et ce, avec tout le monde et en toute circonstance...
    Il m'a demandé pourquoi ne l'avais-je pas rappelé, moi. Il s'est inquiété de savoir si je l'aurais fait, si j'en avais au moins eu l'intention.

    Je l'écoutais. Et à travers ses mots, son attitude je ME voyais.
    C'est un peu comme si nous étions dans un jeu de rôle grandeur nature et le but était qu'il m'imita dans mes rapports avec les hommes afin que je puisse prendre conscience de ma faiblesse.

    Cette scène, banale, courante, représente celle où je ne sais plus très bien si c'est moi qui suis excessive dans mes attentes, dans mes désirs ou si c'est l'Autre qui ne se donne pas assez. Je ne sais plus trop bien si ce que je ressens est légitime ou si ce n'est que mes blessures passées qui font résurgence. Je ne sais plus très bien s'il me faille attendre ou partir... C'est cette scène si courante qui se rejoue à l'infini... Cette scène que je joue avec Nck de façon très claire mais aussi avec tous les autres hommes, même si parfois, les rôles sont bien plus subtils.

    Cette scène serait aussi celle où j'interroge l'autre pour savoir ce qu'il attend concrètement, ce qu'il désir au plus profond de lui pour lui, pour moi, pour nous. Mais l'Autre, ne comprend pas mes questions pressantes. Il me voit me débattre avec mes propres fantômes, avec mes propres démons. Il essaye de me rassurer. Il essaye d'attirer mon regard sur le monde bien plus vaste que mon nombril. Parce que, lui-même a peur et qu'il n'avait pas envisageait la relation sous cet angle. Il voit ma fébrilité émotionnelle. Il pense qu'il est l'auteur d'un tel émoi en moi. Il en est flatté et fier. En même temps, il en est effrayé, il devient méfiant... Pourtant, il se croit fort et irrésistible. Et moi, je me sens tout simplement incomprise.

    Cette scène est celle où je n'ose prendre une décision définitive. Si je pars, si je suis à l'écoute de mon insatisfaction j'ai le sentiment de fuir... fuir un hypothétique bonheur...
    par contre, si je reste, j'ai l'impression de redessiner un scénario si familier dans lequel je me contente de peu et surtout dans lequel le bonheur en est exclus...
    Alors, je reste là, hésitante. Je sonde l'Autre espérant y trouver des raisons radicales pour rester. Ou partir. Mais des raisons qui enlèvent tout doute...

    Cette scène est aussi celle où je ne sais plus que penser... je suis plongée dans mes sempiternelles questions. Parfois, malgré lui, je l'y entraîne, cet Autre. J'espère avoir des réponses claires et au fur et à mesure je suis engloutie dans une véritable nébuleuse... Et pour sortir de cette spirale, je ne vois qu'une issue : la rupture...

    Quand cessera cette répétition ?

    Je comprends la fragilité de D.. Et ses réactions. Il est un peu comme un miroir, mon miroir, qui me permet de réfléchir sur ma façon d'être en relation.

    Il est mon miroir. Celui que j'aurais aimé briser pour ne plus voir cette partie de moi-même...

    Mais briser un miroir, n'a jamais aidé personne à évoluer...

    Bien au contraire, on parle de 7 ans de malheur...

     


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